Artistes

Photo d'Éric Leblanc et Jean-François Houle
Gauche : Éric LeBlanc, droite : Jean-François Bolduc. Crédit : Hélène Bouffard

Jean-François Bolduc

Diplômé de l’Académie des beaux-arts de Québec, de l’École de design et de la Faculté de médecine de l’Université Laval, je m’intéresse au portrait, qu’il soit traduit par la photo ou par l’illustration. Mon travail s’attarde particulièrement au lien entre le social et l’artistique, notamment à travers des séries mettant en scène des réalités méconnues (personnes vivant avec le VIH, réalités LGBTQIA2+, etc.). Ma suite Being in the right place at the right time (2014) a fait connaître mon regard dans plus de 20 pays.

Éric Leblanc

Pour ma part, je suis photographe, auteur et travailleur culturel. Plusieurs de mes projets se sont déployés dans l’espace public afin d’amener l’art à la rencontre du quotidien. Pour le festival Québec en toutes lettres 2017, j’ai notamment coréalisé la projection #taville occupant le mur extérieur de la bibliothèque Gabrielle-Roy, ainsi que le parcours en autobus Et si… réinventant l’histoire de la capitale. J’ai travaillé avec le Bureau des affaires poétiques et à la Maison de la littérature, veillant à la réalisation de projets artistiques variés. Mon premier livre, Le bleu des garçons, est sorti chez Hamac à l’hiver 2020.

Atwood

À deux nous formons Atwood, un duo d’artistes visuels exploitant le médium photographique. Depuis 2016, nous avons collaboré avec plusieurs institutions artistiques et culturelles de Québec (Violons du Roy, École de danse de Québec, MMAQ, collectif Nous sommes ici, Théâtre Périscope, Juste pour rire). Plus de 5 600 personnes ont découvert en janvier 2019 notre exposition IGAnne, une suite de 12 portraits d’une drag-queen. Cette série photographique, qui conteste avec humour les notions de beauté, de perfection et de genre, effectue présentement une tournée en région. Foule est notre projet de résidence en arts visuel au théâtre La Bordée.

Démarche artistique

Nous travaillons le portrait en solo, faisant le pari du dépouillement pour diriger l’attention sur la beauté singulière de chaque individu. L’esthétique épurée, le fond uni et le traitement monochrome minimisent les distractions visuelles pour mettre le sujet en valeur et faire ressortir l’histoire que son visage raconte. Nous cherchons à capturer une émotion vraie chez celui qui se trouve devant la caméra, pour qu’en une image, le public puisse comprendre un pan large de sa personnalité. Nos projets s’attachent également à des réalités variées ou atypiques afin de les mettre en lumière, rendant hommage à la richesse de nos communautés. Du même coup, nous espérons rappeler que, peu importe notre vécu, nous partageons tous et toutes plus d’atomes crochus que nous le pensons.

En contrepoint de ce besoin de vérité, nos œuvres exigent souvent des mises en scène méticuleusement réfléchies, dans un élan pour exacerber cette part de fiction que chacun.e se bâtit pour s’adapter en société. L’impulsion de départ de nos projets : lier un élément imaginaire à une réalité concrète pour étudier leur interaction. Que ce soit en questionnant la représentativité du genre (IGAnne) ou en rappelant les êtres familiers derrière les enjeux théâtraux (Foule), nos œuvres décortiquent les construits sociaux pour tenter de comprendre leur participation à l’architecture identitaire. Du point de vue formel, l’arrière-plan minimaliste de nos photos réduit les références au réel, sortant les individus de leur contexte pour les proposer comme des personnages. Cette manière de mêler l’humain à son archétype aspire à déboulonner les préjugés fictionnalisés dans l’inconscient collectif en lui donnant un visage complexe, multiple.

Le choix de la photographie comme moyen d’expression s’est imposé de lui-même, puisqu’il capture des éléments issus du réel et les remanie à travers le cadrage subjectif du photographe. Notre démarche prend également en compte la taille de nos œuvres, défiant les attentes que se fait le public face à une photo pour l’amener à regarder attentivement, à approfondir chaque détail. Nous nous situons ainsi à contre-courant de cette propension contemporaine à consommer des images comme du fast-food pour plutôt encourager à s’attarder, à réfléchir.